Fondé en septembre 2019, le Syndicat de défense des vins nature’l doit son apparition à un collectif de personnalités engagées, à différents titres, en faveur du vin dit nature ou naturel. Avec pour vocation de fédérer une large communauté autour des valeurs telles que l’artisanat, la transparence, l’indépendance et la dimension sociale, il n’en demeure pas moins garant des principes d’élaboration et de diffusion du « vin méthode nature ». Entrevue avec Jacques Carroget, le président du syndicat aussi vigneron du domaine La Paonnerie.

Pourquoi avoir choisi de créer un syndicat plutôt qu’une association ?

Ce n’est pas du tout le même statut. Ici, pas de cooptation. On tenait à ce que ce soit ouvert à tous et que les membres se doivent de respecter une charte. C’est plus facile aussi en cas de litige. Toute personne qui respecte la charte a donc le droit d’adhérer au syndicat.

Pourquoi avoir choisi (chose rare) d’y intégrer des personnalités différentes (vignerons, journalistes, consommateurs etc…) ?

Deux choses : même si les producteurs restent majoritaires et moteurs de l’activité, le vin nature n’appartient pas qu’aux producteurs mais à tous les acteurs de la filière. Beaucoup de membres sont actifs dans le mouvement, comme des journalistes, des vignerons bien sûr, mais aussi des professionnels du vin (cavistes, sommeliers, restaurateurs, …) et surtout les consommateurs qui ne veulent qu’une chose : de la transparence. Ensuite, il est toujours bon d’avoir un angle de vision et de perspective différent en fonction des profils. C’est vital afin d’assurer un panel varié d’idées et d’opinions au sein du syndicat.

Quel est le but de ce syndicat ?

Deux buts principaux : le premier, c’est de faire en sorte qu’il y ait une définition du vin nature, identifiée et reconnue par plusieurs personnes. Nous voulions en effet, faire en sorte que la définition soit claire et universelle. Le second est que les membres les plus commercialement intéressés ne soient pas uniquement attirés par l’aspect commercial et vendeur du mot vin nature, mais soient aussi respectueux de la charte garantissant la qualité des produits.

Quelles sont les principales actions menées par le syndicat ?

Tout d’abord nous voulons assumer un rôle de lien entre les producteurs et l’administration. Grâce à la création de la charte, nous entretenons aussi les liens entre les producteurs entre eux et avec la presse. On essaie d’assurer la défense de la charte, nous sommes vigilants sur les personnes qui offrent des produits qui ne la respectent pas (et il y en a beaucoup) tout en voulant s’accoler le label Vin Nature auquel ils n’auraient pas droit.

Avez-vous l’intention de créer un salon de vignerons méthode nature prochainement ?

Non, nous n’avons pas vocation à cela mais nous sommes présents sur différents salons. Nous sommes plus des accompagnateurs pour s’assurer du respect des normes. En revanche des événements tels que le salon Brut(es) ont commencé à demander à leurs exposants de respecter la charte du syndicat.

Quels sont les principaux freins que vous rencontrez au développement du syndicat ?

Les gens qui veulent faire du vin nature selon leur propre définition alors que nous nous efforçons de faire respecter notre charte. On a démontré que c’était possible de produire du vin sans mécanisation outrancière et de laisser le vivant faire son travail.

Quel système de contrôle avez-vous mis en place pour assurer le respect de la charte qui a été mise en place concernant la méthode culturale et de vinification acceptée pour obtenir le label ?

Pour commencer le certificat Bio est déjà exigé et ce n’est pas nous qui le vérifions. Ensuite, nous vérifions aléatoirement (par tirage au sort) les exploitations de nos membres ce qui peut nous amener à contrôler deux fois de suite le même établissement. C’est désormais un label en droit privé et nous demandons la reconnaissance d’une certification au niveau légal.

Avez-vous l’intention d’étendre ce syndicat au niveau européen ?

Des Suisses sont déjà présents à bord, et le fait de rejoindre un mouvement européen pourra ajouter encore plus de crédibilité mais nous n’avons pas vocation à chapeauter une organisme européen. En revanche nous sommes prêts à fédérer les différentes actions possibles.

La Charte d’Engagement de Vin Méthode Nature

  1. 100 % des raisins (de toutes origines : AOP, IGP, Vin de France, etc..) destinés à un vin qui se revendique « Vin méthode nature » se doivent d’être issus d’une agriculture biologique engagée et certifiée (Agriculture Biologique ou Nature & Progrès).
  2. Les vendanges sont manuelles
  3. Les « Vins Méthode Nature » sont vinifiés uniquement avec des levures indigènes.
  4. Aucun intrant œnologique n’est ajouté dans un Vin Méthode Nature
  5. Aucune action de modification volontaire de la constitution du raisin n’est autorisée.
  6. Aucun recours aux techniques physiques brutales et traumatisantes (du type : osmose inverse, filtration, filtration tangentielle, flash pasteurisation, thermovinification, centrifugation) n’est permis. Toute autre technique doit avoir l’avis en amont du Syndicat.
  7. Aucun sulfite n’est ajouté avant et lors des fermentations, ni dans les pieds de cuve. (Possibilité d’ajustement dans la limite d’un maximum de 30 mg/l H2SO4 total/l à l’analyse Frantz Paul (méthode de dosage du SO2 libre et total par distillation/oxydation) pour le vin fini, quels que soient la couleur et le type de vin ; obligation d’information d’adjonction de sulfites, mentionnée sur l’étiquette via un logo dédié).
  8. Le label « Vin Méthode Nature » est attribué chaque année et pour chaque cuvée après contrôle interne du Syndicat et sur la déclaration sur l’honneur de l’adhérent.
  9. Utilisation d’un des logos d’identification du Vin Méthode Nature: Logo Vin Méthode Nature: Utilisable pour les vins sans sulfites ajoutés (pas d’ajout extérieur de sulfites) Validation des analyses Frantz Paul jusqu’à 20 mg/L pour accepter la « fabrication » de sulfites naturels.
    Vin Méthode Nature <30mg/L de sulfites: A utiliser dès qu’il y a de l’ajout de sulfite, même en quantité faible (< à 10 mg). A utiliser jusqu’à 30 mg/L de sulfite (analyse Frantz Paul).
  10. Les cuvées « Vin Méthode Nature » doivent être clairement identifiables des consommateurs sur l’étiquette comportant les mentions légales valorisantes : dénomination « Vin Méthode Nature » sous le nom de la cuvée et présence du logo respectant notre charte d’utilisation.
  11. Lors d’un salon, les vignerons comme les organisateurs s’engagent à présenter cette charte à côté des bouteilles labellisées « Vin Méthode Nature ». Les cavistes sont encouragés à faire de même au sein de leur établissement.
  12. Les vignerons s’engagent en leur nom propre et toutes les cuvées « Vin Méthode Nature » seront mises en ligne sur notre site internet vinmethodenature.org.

Restez informé de notre actualité

Laissez-nous vos coordonnées pour rester informé de nos futurs projets