« En dix ans un énorme travail a été fait débouchant sur une belle dynamique pour les appellations du Languedoc devenues incontournables, mais il faut être attentif aux nouveaux marchés qui restent fragiles ». Tel est le bilan effectué par Miren de Lorgeril début février, présidente du Comité Interprofessionnel des Vins du Languedoc (CIVL) qui regroupe les vins des 28 AOC du Languedoc et les IGP. Car en une décennie, les vins du Languedoc ont connu une forte évolution tant au niveau de la qualité que des productions elles-mêmes. Aujourd’hui, les vins du vignoble Sud de France (c’est-à-dire les AOC et les IGP Sud de France) ont un volume de production de 11,8 millions d’hectolitres, ce qui représente 35% de la production française. « Le Languedoc, c’est l’équivalent de la production de l’Australie », indique la présidente du CIVL.
Et que ce soit pour les IGP ou les AOC, on note une forte évolution vers des vins de qualité croissante et qui ont suivi le marché. Pour les AOC (1,2M hl), la production reste essentiellement en rouge mais les rosés continuent leur progression pour représenter près de 20% de la production tandis que les blancs sont stables. En une décennie la commercialisation des rosés a donc augmenté de 71% – permettant de toucher une nouvelle population de consommateurs – et celle des blancs de 38% tandis que les effervescents sont en recul (-6%) et que les muscats s’écroulent (-39%). En Languedoc comme dans d’autres régions productrices, le rosé est devenu un produit qui se vend toute l’année et surtout l’appellation Languedoc est devenue l’appellation socle de la région, favorisant une lisibilité des vins et une montée en gamme. Ainsi par exemple, alors qu’au début des années 2010 les vins à moins de 3€ représentaient 57% des ventes en grande distribution, aujourd’hui les hyper et supermarché vendent essentiellement des vins entre 4 et 7€ (44% du marché) tandis que le bas de gamme (moins de 2€) ne pèse plus que 8%.
Une montée en gamme qui s’opère aussi à l’export (39% du marché) où le chiffre d’affaires a progressé bien plus vite que les volumes, pour atteindre 218 millions d’euros en 2019 (contre 104M€ en 2011). Cette évolution du marché se traduit aussi par une mutation forte des pays clients : aujourd’hui le top 3 des pays importateurs de Languedoc est constitué de la Chine, des USA et du Royaume Uni. Des pays riches, mais fragiles : la Chine actuellement pour raisons sanitaires, les USA par une politique de discrimination par les taxes et le Royaume Uni pour cause de Brexit…
« Nous sommes prudents et nous continuons de travailler au développement de nouveaux marchés mais, même s’il y a encore du travail à faire sur la perception de nos appellations, on se félicite de ces évolutions fortes qui font qu’aujourd’hui nos vins sont dans la cour des grands », explique-t-on côté CIVL.
Côté pile donc, le syndicat se félicite de la percée sur de nouveaux marchés et la qualité croissante, côté face le CIVL travaille à la sécurisation des marchés, se félicite de l’arrivée de nouveaux vignerons mais reste attentif à la lutte contre la déprise du vignoble et à la nécessité de travailler sur la transmission. Bref à faire en sorte que 2020 et les années suivantes soient de bons millésimes !