Le Beaujolais blanc est-il en voie de devenir un grand vin ? Pour l’instant très minoritaire, plusieurs exploitants misent pourtant sur un effet découverte doublé d’une légitimité durement acquise grâce au  vin rouge.

La consultante et membre de la Chaire Unesco Culture et Traditions du Vin de l’université de Bourgogne, Joëlle Brouard, nous en parle lors d’une entrevue.

Le Beaujolais est-il un terroir à blanc ?

Grâce à une étude demandée par Inter Beaujolais à Terroir Manager sur le sujet, nous avons pu en apprendre plus sur ce nouveau grand vin et la réponse n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît.

« En effet, sur les 1500 Ha de Chardonnay, seuls 150 d’entre eux, soit à peine 10%, sont revendiqués en Beaujolais blanc. Le reste, au sud du territoire, est majoritairement dédié à la production de crémant de Bourgogne. Ces 150 ha sont le fait de vignerons tels que Pierre-Marie Chermette ou encore Gilles Gelin, qui veulent affirmer l’identité du Beaujolais » déclare Mme Brouard.

Beaujolais blanc, un vin blanc au rabais ?

Pour la directrice de l’Institut du Management du Vin du Groupe ESC Dijon-Bourgogne, en termes de prix, ces vins blancs sont bien valorisés.

« On ne l’achète pas car il est accessible et offre un bon rapport qualité prix, on l’achète car c’est une coquetterie. Ce n’est pas une rareté, ce n’est pas une niche, c’est une singularité qui donne un goût de nouveauté. Ceci confère à ce Beaujolais blanc un potentiel de développement important. »

 

Des nouveaux blancs pour le terroir

Malgré un cahier des charges qui remonte à 1936, le Chardonnay est adapté à ce terroir, car le sol y est majoritairement formé de calcaires et non de granits.

« Très flexible, le Chardonnay offre plus de fraîcheur que les Bourgogne Mâconnais situés un peu plus haut. Il faut préciser que la tendance du marché est plutôt à une très forte hausse pour les blancs tandis que les rouges sont en baisse. Le fait de faire un blanc dans un vignoble d’abord reconnu pour son rouge est attirant (Chinon blanc, Gigondas en cours, Château Neuf Blanc et même le Musigny qui est mythique) » déclare Mme Brouard.

« Malgré des volumes très faibles qui ne permettent pas une large diffusion, les Beaujolais blancs peuvent se targuer de s’afficher comme une singularité. Suivant une logique de notoriété mais aussi de curiosité, la clientèle est attirée par l’effet de découverte, poussée par les cavistes et les caves à vin. »

Une AOP Bourgogne mais pas que

Le beaujolais blanc a bien évidement le droit à l’AOP Bourgogne. Même si plusieurs villages du sud sont autorisés à le revendiquer par leur cahier des charges, certains ne le revendiquent pas et c’est alors synonyme d’un réel engagement.

« On n’est pas ici en présence d’une logique mettant en confrontation la qualité et le prix mais plutôt la qualité et l’intérêt pour ce nouveau cépage. On achète en quête de nouveauté et de découverte. On a cœur de faire valoir les qualités propres du beaujolais blanc » précise la spécialiste en commerce international des vins et spiritueux.

Un futur lumineux

Le sud du Beaujolais a été revigoré par le Crémant. Mais tous les vignerons ne peuvent pas s’en servir pour passer en Beaujolais blanc car ils ne répondent pas tous au cahier des charges. « Les réseaux de distribution vont aussi aider car l’intérêt du marché est bien présent malgré les faibles volumes. Les planètes peuvent donc s’aligner pour un développement futur fructueux. Le Beaujolais blanc a plus de chance de prospérer que si l’on l’étiquette en Bourgogne » nous confirme l’experte. Avec des volumes qui augmentent et une curiosité grandissante, nul doute que le Beaujolais blanc saura trouver sa place dans un marché toujours à la recherche de nouveautés.

Le mouvement du Beaujolais blanc en est encore qu’à ses balbutiements !

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